Energy Q&A avec Philippe Cordier
Titre : Energy Q&A avec Philippe Cordier
Incrustation : Quel est votre métier ?
Philippe Cordier : Je suis responsable du programme Calcul scientifique & Intelligence artificielle au sein de la Recherche & Développement de Total.
Incrustation : Votre métier en 3 mots ?
Philippe Cordier : Transition énergétique, open innovation, créativité.
Incrustation : En quoi consiste votre travail ?
Philippe Cordier : Nous travaillons sur les énergies bas-carbone et sur le digital utilisés comme leviers pour lutter contre le changement climatique.
Incrustation : Quels sont vos objectifs au quotidien ?
Philippe Cordier : Anticiper et accélérer le développement des nouvelles technologies pour faciliter la transition énergétique.
Incrustation : L’intelligence artificielle, concrètement, c’est quoi ?
Philippe Cordier : Elle permet d’effectuer plus rapidement les tâches à faible valeur ajoutée afin que les ingénieurs puissent se concentrer sur celles à forte valeur ajoutée.
Incrustation : Est-ce que Total et les autres grands groups utilisent l’IA dans la R&D ?
Philippe Cordier : Dès les années 80, Total utilisait l’IA pour l’exploration/production. Aujourd’hui, elle est essentiellement utilisée dans les domaines de l’électricité renouvelable, de la mobilité et pour découvrir de nouvelles matières premières.Aujourd’hui, l’IA est partout chez Total.
Incrustation : Qu’est-ce que le projet GEOSX ?
Philippe Cordier : GEOSX est un projet commun entre Stanford et Lawrence Livermore National Laboratory qui vise à fournir un simulateur open-source, capable de simuler plus précisément et plus fidèlement le stockage du CO2 dans les couches géologiques, bien en-dessous de la surface terrestre.
Incrustation : Qu’est-ce que ça veut dire « open source » ?
Philippe Cordier : Le changement climatique est le plus grand défi jamais rencontré par l’humanité et pour le relever, nous avons besoin de partager au maximum nos connaissances. Proposer un simulateur « open source » en est un exemple. C’est également un moyen d’enrichir le simulateur en le rendant disponible à toute la communauté scientifique afin que nous puissions vraiment accélérer le développement du CCUS.
Incrustation : Quel est l’objectif du projet GEOSX ?
Philippe Cordier : L’objectif final est de pouvoir éliminer en sécurité le CO2 présent dans l’atmosphère afin de créer ce qu’on appelle des émissions négatives dans le but de respecter le scénario +2°C.Pour lutter contre le changement climatique, nous devons éliminer de l’atmosphère plus de 6 milliards de tonnes de CO2. Et ce, pour des milliers d’années.Le stockage du CO2, bien en-dessous de la surface terrestre, est probablement l’une des principales technologies qui vont nous aider à résoudre ce problème.
Incrustation : Quelle est la clé pour réussir dans ce type de projet de R&D ?
Philippe Cordier : Faire travailler ensemble tout au long du projet des experts du sujet en question avec des développeurs et des mathématiciens.
Incrustation : Qu’entend-t-on par CCUS ?
Philippe Cordier : Ça signifie « captage, d’utilisation et de stockage du carbone » et ça désigne un ensemble de technologies qui ont pour objectif de diminuer l’empreinte carbone de l’humanité et d’éliminer du CO2 de l’atmosphère afin de respecter le scénario +2°C de l’AIE (Agence Internationale de l’Energie).
Incrustation : Comment convaincre un jeune ingénieur de venir travailler chez Total ?
Philippe Cordier : Si on veut rendre concrète la transition énergétique et respecter le scénario +2°C, nous devons massifier le développement et le déploiement des technologies à l’échelle mondiale. Généralement ces technologies sont conçues par des startups mais elles n’ont pas les ressources financières pour les déployer. C’est là que réside l’avantage d’un groupe multi-énergies comme Total.