Tyra, star de la télévision française
02/10/2025
[LE20H TF1] [Le GRAND format]
Elle est l'une des plateformes gazières les plus isolées du monde.
Son nom : Tyra. 35 000 tonnes d'acier posées au cœur de la mer du Nord, à une heure d'hélicoptère des côtes les plus proches.
On est environ 80 mètres au-dessus de la mer.
Un mastodonte qui produit assez de gaz pour couvrir deux fois la consommation annuelle du Danemark et alimente en partie nos maisons françaises.
D'ordinaire uniquement accessible à la centaine d'employés, nous avons exceptionnellement été autorisés à nous y rendre.
Mais pour y accéder, il y a d'abord un test surprenant à effectuer. Ici, c'est une simulation de crash d'hélicoptère.
C'est l'une des très nombreuses formations qui est absolument obligatoire pour pouvoir se rendre et travailler sur la plateforme.
Comme tous les employés, nous nous plions donc à l'exercice de survie. Objectif : se repérer malgré la rotation, et s'extirper par la fenêtre la plus proche.
Bonne nouvelle, nous sommes déclarés aptes à effectuer le voyage.
Il est justement temps de nous rendre à 225 kilomètres de là, sur Tyra. Un hélicoptère lancé à pleine vitesse, nous y amène pour le début d'une visite très encadrée.
À peine le pied posé, le compte à rebours commence. Nous devons être repartis dans moins de cinq heures.
Faites attention où vous mettez les pieds. Ne restez pas concentré que sur la caméra.
Les règles sont strictes : interdiction d'interroger les employés sans l'autorisation des responsables.
Qu'est-ce que tu fais aujourd'hui, Stefano ? On est en train de tester le courant.
C'est d'ailleurs l'un de ses superviseurs, un ancien marin irlandais en l'occurrence, qui nous explique le fonctionnement de la plateforme.
Elle tire son gaz d'un immense gisement situé deux kilomètres plus bas. Cette canalisation part directement du puits et alimente cette grosse boule qui sert à séparer le gaz, le pétrole et l'eau.
Car vous ne pouvez pas exporter en même temps du gaz et du pétrole ? Non, et vous ne pouvez pas exporter du gaz humide ou du pétrole humide, vous devez enlever l’eau.
Ce qui est assez impressionnant, c'est qu'il y a plusieurs endroits sur la plateforme où on sent littéralement le sol trembler sous nos pieds. En raison de l'énergie du gaz qui arrive depuis les champs satellites. Car Tyra n'est pas une simple plateforme. C'est ce que l'on appelle un hub.
Tout autour d'elle, à des kilomètres, des gisements gaziers voisins l’approvisionnent. Avant que deux gazoducs n'envoient le gaz au Danemark, mais aussi en direction du reste de l'Europe, chez nous. C'est grâce à cet énorme tuyau qui plonge sous la mer que le gaz part directement aux Pays-Bas.
On se trouve donc sur l'un des endroits les plus stratégiques de toute l'Europe. Plus de 3 milliards d'euros ont été investis pour moderniser la plateforme. À terme, elle représentera 6 % de tout le gaz produit en Europe. De quoi réduire les importations de cette énergie fossile depuis l'étranger.
Bien plus qu'une usine flottante, Tyra est aussi une ville. Ici se côtoient plus de 50 nationalités différentes, en très grande majorité des hommes. Et pour ce qui est des lieux de vie, il y a évidemment des incontournables comme la cantine. Au menu, on a du porc avec des pommes de terre et des légumes.
Ou plus insolites comme ce magasin. Ici, c'est la boutique. Les gens peuvent acheter des sucreries, des sodas, du parfum et même des boxers. C'est le meilleur endroit dans ce grand radeau.
Les employés ont même droit à leur propre salle de sport, de musique et même un sauna. De quoi s'aérer l'esprit durant leurs rotations de deux semaines en mer.
Une vie hors norme, à l'image de leur plateforme.